Dans sa récente conférence de presse, François Hollande a sorti, encore une fois, le sacro-saint terme « numérique » : L’enseignement du numérique doit être renforcé.
Je pourrais expliquer pourquoi ce terme — traduction inutile de l’anglais « digital » — est parfaitement idiot. Le bon vieux terme « informatique » (inventé en 1962 par mon ami et futur employeur Philippe Dreyfus) dit toujours bien ce qu’il veut dire. Et les gens qui emploient les termes « cyber » et « numérique » font de l’esbroufe. Mais passons…
Pourquoi le président souhaiterait-t-il que la France renforce l’enseignement de l’informatique ? Pour augmenter le nombre d’abonnés à Facebook ? Pour encourager les citoyens à gérer leurs impôts par l’Internet ? Pour faire proliférer les blogs divers ? Pour promouvoir les ventes en-ligne ? Pour rendre plus visibles les offres d’emploi ?
Non, tout ça est bon à prendre, mais ce n’est pas pour ces raisons-là, uniquement, que l’on aimerait voir évoluer l’apprentissage de l’informatique en France.
La vraie raison, c’est que l’on aimerait voir se développer davantage en France une nouvelle industrie orientée vers la création d’applications informatiques de toutes sortes. Le challenge du « numérique » serait donc la création en France de nouvelles technologies d’ordre logiciel. Savoir faire du numérique signifie, dans cette optique-là, maîtriser la programmation d’ordinateurs. Le « codage », comme disent les gens pseudo-branchés...
Je vois mal, hélas, comment l’éducation nationale pourrait dénicher des instituteurs et des professeurs susceptibles d’enseigner la programmation d’ordinateurs, car il n’y a eu aucune filière de cette nature (à ce que je sache) dans la formation du personnel.
Il existe pourtant une possibilité réelle—notamment pour des adultes—de maîtriser la programmation d’ordinateurs dans un but professionnel. Il s’agirait de travailler dans un contexte de « formation sauvage » dans un esprit de club, sous l’égide d’un expert (comme moi-même, par exemple : un demi-siècle d'expérience de formation de programmeurs).
Ce qui est nouveau dans le cas des connaissances en informatique, c'est que les règles de la formation et de la compétence ont changé. Si tu vois une annonce qui cherche, par exemple, un créateur connaissant le langage Javascript, alors de deux choses l’une :
— Si tu ne connais pas le langage en question, alors tu passes à autre chose.
— Si, en revanche, tu connais le langage Javascript, tu réponds à l’annonce, et tu risqueras fort d’obtenir le job. C'est-à-dire que personne ne te demandera : " Alors, montrez-moi vos diplômes pour dire où vous avez appris le langage Javascript. " En l'occurrence, il existe une seule préalable unique (rien à voir avec les écoles et les diplômes) : Connaître effectivement (sur le plan pragmatique) le langage Javascript.
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